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Rohingya: le danger de l’essentialisme « islamiste »

Depuis quelques semaines, le sort des Rohingya inquiète même si les conditions qui sont les leurs sont dramatiques depuis plusieurs années déjà.

Pour aller rapidement au cœur de la problématique sans détour inutile, nous nous questionnons ici sur l’impact de la variable « islam » au sein de cette prise en compte par l’opinion et, par conséquent, sur traitement notamment médiatique de la question.

Nous manifestons ici une certaine inquiétude quant aux impacts possiblement négatifs dûs à la présence de la notion « islam » associée aux Rohingya qualifiés souvent de « minorité musulmane », et à la situation qui est la leur. En effet, dans l’imaginaire collectif, l’islam tend à être perçu comme une religion qui ne peut être opprimée mais au contraire comme une religion naturellement opprimante ou d’opprimants. Ainsi, il est très difficile par exemple, d’attirer l’attention sur le fait que les victimes premières des actes violents perpétrés par Daesh dans le monde, d’un point de vue quantitatif, puissent être majoritairement arabes et musulmanes.

Pour en revenir au sort des Rohingya, le fait que le qualificatif « minorité musulmane » soit perpétuellement associé à la communauté ou au groupe en question, peut inquiéter. L’apparition d’idées, de messages, de théories ou d’informations progressives invitant à penser que le sort des Rohingya puisse être lié à des causes ou motivations religieuses en lien avec l’islam est également à garder à vue. Idem pour des explications qui pourraient imputer aux Rohingya la responsabilité de la situation qui est la leur en mettant en avant des explications liées au salafisme, à Daesh, à des motivations djihadistes, au souhait des Rohingya de vouloir imposer la chari’a et ainsi de suite.

En d’autres termes et en guise de conclusion, il sera intéressant de surveiller à court, moyen et long terme, les impacts possibles des stéréotypes négatifs associés classiquement à la religion musulmane au sein des imaginaires et de l’opinion quant à la question des Rohingya.

Plus précisément, il s’agira de surveiller la réactance de l’opinion quant à une religion islamique perçue comme conquérante, naturellement encline à la violence et à l’oppression, vis-à-vis d’informations contradictoires mettant en lumière une communauté de religion musulmane, pourtant elle-même victime de violentes exactions.

Redwane El Bahar

Doctorant en sociologie, je mène une thèse intitulée : "radicalité, radicalisme et radicalisation en lien avec un contexte islamique en France.

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