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De l’usage de la peur en politique : le cas du COVID19. Principes, fonctionnement, dérives. Du désir de convaincre, au complot.

Introduction, contextualisation.

Autant le préciser de suite, l’usage de la peur comme outil politique ou outil de communication n’est ni nouveau, ni particulièrement négatif dans les propos qui seront les nôtres. 

L’usage de la peur est à considérer comme une technique persuasive permettant d’arriver à un objectif. Ceci a été d’une part massivement étudié (les travaux en psychologie sociale sont particulièrement interessants), et d’autre part appliqué au champ de la communication. Ni plus, ni moins. C’est-à-dire que dans cet article, la peur en tant qu’outil de persuasion n’est considérée que comme un moyen, ici politique et communicationnel, ainsi que nous le verrons, et est par la même occasion transformé en objet de réflexion, et non en élément soumis à l’évaluation morale. En revanche, il est vrai que l’outil « peur » en politique peut tout à fait être utilisé à mauvais escient quel que soit le champ d’application (peur de l’étranger par exemple).

La peur comme outil, nous pouvons la rencontrer régulièrement à travers diverses campagnes de la sécurité routière, ou encore dans le cadre de la santé à travers les campagnes anti-tabac. Par exemple, les paquets de cigarettes exposent différentes images sensées faire appel à la peur : personnes alitées dont on suppose qu’elles sont en phase terminale de telle ou telle pathologie liée au tabac ; poumons encrassés et noircis par la cigarette, etc.. L’idée est de provoquer la peur pour dissuader de se mettre à fumer ou de continuer à fumer.

La gestion de la crise du COVID n’a pas échappé à cela. Mais l’utilisation de l’outil de la peur dans cette situation de crise sanitaire, semble avoir été effectuée par les politiques de manière archaïque et déregulé, Ainsi, non seulement l’outil « peur » a parfois mal fonctionné, mais il génère désormais des effets pervers (des effets non désirés à l’origine). 

En outre, les « substrats métaboliques » de l’usage de l’outil « peur » qui se sont retrouvés chez ceux qui ont pu mettre en balance les récits officiels y compris dans le cadre d’interrogations « saines » (exercice critique structuré) , ont été traité de manière légère, voire abusive de la part notamment des médias et des politiques. Ces derniers ont ainsi préféré l’explication  « complotiste » pour tenter d’expliquer des réactions divergentes et non attendues. Cette sur-sollicitation de l’explication complotiste nous semble aussi peu rigoureuse que défendable car elle tend à disqualifier de manière massive et unilatérale. Nous y reviendrons dernière partie de cet article.

1) La peur comme outil de persuasion : les apports de la psychologie sociale

Nous venons de le dire, l’outil « peur » a comme objectif la persuasion. Plus précisément, il vise, dans bien des cas, ce qu’on appelle un changement attitudinal (modification des comportements chez les individus). La psychologie sociale s’est  intensément intéressée à ce phénomène à travers des études très documentées, et cela, depuis les années 50.

La peur est considérée comme une émotion désagréable que l’on cherche à réduire, voire à stopper, au contraire d’une émotion agréable que l’on cherche généralement à cultiver ou reproduire.

À partir de là, on retrouve plusieurs modèles élaborés en psychologie sociale qui découlent de ce constat. Plutôt que de simplement renvoyer le lecteur vers les auteurs de ces modèles, nous avons préféré les résumer au préalable pour pouvoir donner une vision clarifiée et globale de ces théories, et ainsi encourager la réflexion.1Pour une vision globale de cette thématique, nous renvoyons le lecteur vers un excellent ouvrage de synthèse : CHABROL Claude, RADU Miruna, Psychologie de la communication et de la persuasion, De Boeck, Coll. “Ouvertures Psychologiques”, 2008.

1.1 Drive Reduction Model

Théorie surtout développée par Miller et Dollard dans les années 50. 

L’idée est qu’en mobilisant un message faisant appel à la peur, l’individu va changer de comportement afin de réduire ou de stopper l’émotion négative (peur), et va donc cesser le comportement à risque (vitesse au volant, drogue …). 

L’idée suggère que le message de peur qui, dans la foulée proposera une solution implicite ou explicite, sera intériorisé (accepté) par les individus qui adopteront la conduite recommandée (réduire la vitesse au volant pour éviter les accidents ; stopper sa consommation de tabac pour éviter les pathologies ; utiliser le préservatif dans le cadre des relations sexuelles pour se protéger des MST…)

Cette théorie servira, en quelque sorte, de base à celles qui viendront par la suite, mais qui nuanceront ce modèle parfois trop « binaire » , simpliste ou trop « béhavioriste ».

1.2 Curvilinear Model

Théorie développée par Janis dans les années 50-60, et qui fait suite à celle du Drive Réduction Model. Elle rebondit sur l’outil de la peur comme élément persuasif favorisant le changement attitudinal.

Cette théorie met en évidence le fait que seule une peur modérée peut conduire à un changement attitudinal efficace, ou du moins conforme à celui attendu. Si la peur est trop importante, l’individu va commencer à mettre en place un autre mode de réactions visant à gérer la peur induite par le message : le message passe donc à côté de son but initial. La peur générée deviendra alors improductive, et l’individu risquera de développer des « réactances » le rendant hermétique au message et à la solution recommandée. En effet, l’individu va surtout tenter de diminuer la peur qu’il ressent suite au message. Ainsi, le sujet risque d’opter pour des « stratégies d’évitements » (mesures cognitives et réflexives qui permettent d’esquiver la peur trop forte induite par le message). Or, le message ne vise pas à faire réfléchir, mais à faire changer de comportement sans trop solliciter les mécanismes réflexifs.

1.3 Parallel Response Model

Théorie développée dans les années 70 principalement par Leventhal. 

Cette théorie suggère que l’individu est beaucoup plus actif face à un message qui fait appel à la peur que nous le suggèrent le deux premiers modèles que nous venons d’évoquer. Ainsi, le sujet est très loin d’être un simple récepteur passif. Au contraire, il évalue. Le modèle précédant suggérait déjà cela, mais l’auteur ici va plus loin. C’est ainsi que face à un message faisant appel à la peur , l’individu peut avoir deux types de réponses :

  • Contrôle du danger : suggère des attitudes qui permettent de maîtriser le danger et donc, qui suggère une adhésion aux recommandations du message (port du préservatif, diminution de la vitesse au volant, arrêt du tabac…).
  • Contrôle du sentiment de la peur, qui, au contraire, suggère des attitudes qui visent à atténuer le sentiment désagréable de la peur induite par le message (négation, déni, surestimation de ses capacités, zapping au moment du message à la télévision…). Le message passe alors à côté de son objectif.

Puis, on note dans ce modèle, deux types de peur dans les messages :

  • Peur anticipée : on présente un danger (situations dangereuses)
  • Peur inhibante : on présente les conséquences d’un danger (Exemple : blessures, mutilations…).

La peur anticipée génère, selon ce modèle, principalement un terrain favorable à l’adhésion au message et aux recommandations. 

La peur inhibante, qui contient un message dont l’intensité de la peur est plus élevée, tend à générer des rejets et des phénomène de résistance face au message. En effet, ce type de message génère une grande peur et l’individu va tenter d’en diminuer l’aspect désagréable (évitement, déni, « cela touche les autres et pas moi« …).

1.4 Protection Motivation Theory

Elle émerge au milieu des années 70 et est mise en évidence par Rogers. Elle est une théorie relativement exploitable de nos jours même si, comme toute théorie, elle reste perfectible.

Là encore, l’individu n’est pas passif face au message. La Protection Motivation Theory s’appuie sur le modèle précédant mais va plus loin au niveau du mécanisme interprétatif de l’individu face à un message faisant appel à la peur. Elle suggère que face à un danger exposé dans un message, l’individu va évaluer 3 éléments :

  • Le niveau de la « nocivité » de la menace
  • La probabilité d’y être exposé et d’en souffrir
  • L’efficacité des mesures proposées comme solution face au danger.

Ici encore, après évaluation, soit l’individu va minimiser le danger pour diminuer la sensation de peur (contrôle de la peur), soit l’individu va se conformer aux mesures proposées (contrôle du danger).

La présente théorie va développer la manière dont une personne évalue le danger selon un rapport « avantages/inconvénients » du comportement à adopter, et selon un rapport gravité/probabilité d’être touché par le danger. Elle souligne aussi que l’individu évalue le rapport coûts/bénéfices du respect des solutions proposées (gestes barrières, isolement social, restriction des sorties, baisse des interactions sociales…).

Le sujet évaluerait également la crédibilité des sources qui recommandent les solutions. Si la crédibilité est étamée aux yeux du récépteur, alors le respect des mesures est susceptible d’être amoindri.

On se rend compte à travers ce modèle, que les individus peuvent réagir de manière différente face aux recommandations. Il y aura autant de réactions différentes que de subjectivités. Cela dit, une perspective sociologique cette fois-ci peut venir lisser cette remarque. En effet, la réception et le traitement des messages par les individus sont aussi modulés par des facteurs sociaux (tranches d’âges, classe sociale, approbation ou désapprobation sociale ou groupale2Ward, Jeremy K, et Patrick Peretti-Watel. « Comprendre la méfiance vis-à-vis des vaccins : des biais de perception aux controverses », Revue française de sociologie, vol. vol. 61, no. 2, 2020, pp. 243-273.…).

On se rendra en outre, que des explications comme le manque de discipline (explication un temps véhiculée par certains médias ou politiques lors du premier confinement), ont fort peu de profondeur. Tout comme les « injonctions » ou recommandations d’acteurs politiques encourageants à « faire plus d’efforts« . Ce type de remarque pèse très faiblement dans la balance en terme d’efficacité au vu des processus cognitifs mis en marche.

D’une certaine manière et pour faire un parallèle avec un autre dossier, à savoir la déradicalisation, ce modèle parfaitement exploitable s’applique aussi à cette dernière thématique : si l’on veut que des acteurs violents ou tentés par l’action violente abandonnent les comportements qui sont les leurs, il faut également proposer, pour viser un changement attitudinal, une contre-partie qui présente un bénéfice pour l’acteur3Cf Mathieu Guidère. « La deradicalisation : conceptions et mises en oeuvre »,  Cahiers de la sécurité et de la justice. Revue de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, n°30, 2014, pp. 71-83. Bien évidemment, il ne s’agit pas un bénéfice financier ou matériel, ni même encore d’un quelconque passe-droit, mais d’un modèle viable et attirant qui puisse engendrer un changement d’attitude socialement et juridique acceptable. Ni des mesures vagues comme « plus de République », ou l’adhésion « aux valeurs de la République » ne constitue une proposition claire, avantageuse et donc encourageante car beaucoup trop trouble, voire compromise.

1.5 The Extended Parallel Process Model

Modèle de Levanthal repris et renforcé par les apports de Witte au début des années 90. Il reprend synthétiquement le modèle Parallel Process mais remet au centre la notion de peur. 

La peur, ici, va déterminer le rôle : obéissances aux mesures recommandées par le message, ou esquive des mesures (comportement contre-productif). En définitive, si la peur est forte, la solution proposée doit être à la hauteur de la peur engendrée pour qu’il y ait acceptation du message et des recommandations.

Au sein de ces deux derniers modèles, l’évaluation de la crédibilité de l’émetteur du message visant à suivre des recommandations, semble fondamental. Nous verrons que cela aura un impact fondamental sur les problématiques qui nous intéressent.

Par la suite, d’autres modèles ont continués d’apparaître (Elaboration Likelihood Model; Heuristic-Systematic Model…). Mais ceux qui nous venons de définir et d’évoquer, suffisent à construire une base de réflexion pour notre article.

Maintenant que nous avons exposés les modèles de théories concernant la peur, nous pouvons désormais analyser et effectuer des mises en parallèle avec les situations actuelles.

2) Rassuristes, alarmistes et acteurs politiques. Des modes de compréhension et d’action différents.

2.1 Les acteurs de la santé.

« Rassuristes » et « alarmistes » sont des appellations nouvelles qui servent à distinguer ceux des professionnels de la santé qui pensent que les mesures prises par les autorités sont déséquilibrées et excessives, de ceux qui, au contraire, les encouragent et les défendent. Précisons que ces appellations n’ont rien de scientifiques ou d’objectives. Elles émanent en ligne directe de la mobilisation de la peur : ceux qui rassurent tentent de diminuer la peur, ceux qui alarment tentent de l’entretenir. Plutôt Trivial.

Ces appellations distinguent également ceux qui temporisent la dangerosité et la nocivité du virus, par rapport à d’autres qui, au contraire, en soulignent la gravité. Remarquons que nous sommes en plein dans la terminologie mise en avant par les modèles de psychologie sociale sur la peur que nous venons d’exposer : nocivité, dangers, gravité… De la même manière, on peut assez facilement retrouver les rôles antagonistes évoqués : les « rassuristes » incarnent d’une certaine manière le clan du « contrôle du danger« , et les alarmistes celui du « contrôle de la peur« . Naturellement, les choses ne sont pas aussi simples, mais il s’agit ici d’une sorte d’idéal-type (une sorte de portrait-robot, ou de modélisation rendue volontairement caricaturale pour devenir plus facilement intelligible).

Parfois, viennent se greffer sur cette opposition entre les deux groupes, des remarques qui suggèrent une attitude « complotiste ». Nous y reviendrons. 

Quoi qu’il en soit, les différences qui opposent les deux « groupes » se fondent sur les questions de méthodes, d’éthique, de traitement, de gestion, etc. 

À côté de ce groupe, on va également retrouver des professionnels de santé qui, sans pour autant ni être « alarmistes » ni « rassuristes », vont se satisfaire des mesures prises par les premiers dont le confinement mais pour des raisons purement logistiques.

En effet, ces professionnels de santé ne vont ne prendre en compte que les intérêts qui sont les leurs (fonctionnement des hôpitaux, capacités hospitalières et des structures diverses…). Les objectifs qui sont les leurs, résident dans un fonctionnement opérationnel des structures qu’ils administrent ou dont ils dépendent. Exemple : « Le confinement est une bonne chose car mon service était saturé de patients COVID, et le confinement permet de limiter la saturation voire, de la diminuer« .

2.2 Les acteurs politiques et le choix de la peur comme outil persuasif.

D’un autre coté, on retrouve les acteurs politiques qui ont fixé les lignes de conduite : port du masque obligatoire, respect des gestes barrières, confinement/couvre-feu… Ils mobilisent des référentiels complètement différents. C’est ce qui, selon nous, a pu parfois échapper à certains professionnels de santé classés du côté des « rassuristes » comme le Pr D. Raoult ou J.F Toussain. 

En effet, D. Raoult pour ne prendre que lui en exemple, s’est souvent insurgé contre le climat de peur et d’affolement qui guiderait les acteurs politiques. Pourtant, même si D. Raoult à souvent mis le doigt de manière très juste sur le phénomène de la peur, il n’est pas parvenu à comprendre que la posture politique, une fois qu’elle a fixé la ligne de conduite, devait mobiliser des messages faisant appel à la peur dans le but d’augmenter la probabilité d’intériorisation de la décision de confinement par les citoyens. 

Dit d’une autre manière, ce que vise le gouvernement (en dehors des mesures administratives de fermeture de telles ou telles structures), ce sont des changements attitudinaux massifs au sein de la population, et pour cela les autorités ont émis des messages porteurs de fortes charges émotionnelles négatives.

Pour des raisons diverses, les autorités (qui comportent également une autorité médicale notamment à travers le conseil scientifique mais dont le politique se trouve être, en définitive, l’agent décisionnaire final), ont penché pour des mesures sévères, dont le confinement représente la mesure extrême. En effet, ce confinement suggère, d’une part une franche remise en question de nos habitudes, ainsi que d’autre part, une coupe nette de nos libertés les plus fondamentales. Aussi est-il légitime de penser qu’afin de « pousser » les populations à adhérer aux messages, il a été convenu de générer de la crainte et de favoriser des informations alarmantes et anxiogènes, et non de se montrer rassurant ou pondéré. 

C’est ainsi qu’à la lumière de ces études, on comprend que Jerôme Salomon ait pu donner machinalement chaque soir les chiffres des hospitalisations, des entrées en réanimation ainsi que les décès lors du premier confinement et pourquoi on continue ,dans les discours politiques et médiatiques, à évoquer quotidiennement ces chiffres même si parfois l’intérêt se montre très limité. En effet, annoncer chaque soir le nombre de contaminations via des tests positifs n’a que peu d’intérêt sachant que plus de 90 % des cas sont bénins. À la rigueur, les chiffres les plus interessants sont ceux des entrées à l’hôpital et ceux des décès. Cela dit, cela a pu contribuer à la structuration et au maintien du climat anxiogène et donc, a pu contribuer à vouloir renforcer l’efficacité des messages visant des changements attitudinaux. C’est à travers la peur qu’on a pu parvenir à faire intérioriser l’idée de la dangerosité particulière du virus, et de faire accepter le port du masque, les règles de distanciation sociale et de confinement. Peur du virus certes, mais aussi peur de la sanction pénale et financière. Rappelons qu’il ne s’agit pas de mettre en évidence une forme de perversité de l’Etat en utilisant des messages faisant appel à la peur, mais de souligner une mécanique qui, nous allons le voir de suite, s’est montrée inadaptée.

3) L’usage de la peur : une utilisation faite dans l’urgence et l’improvisation.

Tout porte à croire que l’usage de l’outil peur dans le cadre de changement attitudinaux s’est fait dans l’urgence, mais aussi de manière anarchique et mécanique, c’est-à-dire par défaut. En d’autres termes, tout porte à croire qu’il y a eu improvisation, et que la peur comme outil persuasif s’est faite par habitude. 

De manière subjective et personnelle, c’est-là, je pense, une erreur. C’est justement ce qui peut s’apparenter là à une forme de manipulation. Manipulation moins à travers le fond (que je ne prends pas en compte dans cet article) qu’à travers la technique qui sous-tend une logique qui vise à utiliser les émotions des individus dans le but de créer un consentement4Cf les travaux d’Edward Bernays et notamment son ouvrage Propaganda, 1928. .

Cette improvisation a eu des impacts importants quant aux résultats des mesures prises et aura très probablement des impacts dans les comportements futurs. C’est ainsi par exemple que des sondages (même si nous n’accordons généralement aucune valeur scientifique à un sondage pour des raisons de méthode) ont montré que 59 % des sondés expriment un rejet du vaccin futur.

https://www.letelegramme.fr/france/les-francais-refractaires-au-vaccin-anti-covid-ce-que-disent-vraiment-les-sondages-01-12-2020-12665744.php

Cette attitude de défi vis-à-vis d’un remède futur n’a rien de surprenant, et interpréter cela comme la victoire de « thèses complotistes », c’est aussi bien faire l’éloge de la paresse intellectuelle qu’infantiliser les individus. C’est également s’ériger en « entrepreneur de moral » pour reprendre l’expression de H. Becker : ceux qui répondent favorablement aux messages et aux recommandations sont les justes et les rationnels, et ceux qui développent des résistances aux messages et aux mesures sont dans l’erreur. Ce sont des irresponsables voire des complotistes. 

Il y a derrière ce traitement binaire et expéditif des dérives autoritaires évidentes et des lacunes et terme de connaissances, particulièrement inquiétantes. À titre d’exemple, je journaliste Christophe Barbier incarne dans la vidéo qui suit, toutes insuffisances et les lacunes auxquelles nous faisons référence et toutes les dérives que nous allons aborder. 

https://www.gentside.com/societe/covid-19-christophe-barbier-milite-pour-le-vaccin-obligatoire-sur-twitter_art96784.html

3.1 En quoi y a t-il eu improvisation ?

Il y a eu improvisation car au début de l’épidémie, celle-ci n’a pas été perçue comme une menace particulière. Au fur et à mesure que l’épidémie progressait, les pouvoirs publics qui se sont montrés d’abord peu inquiets, ont commencé à changer le fusil d’épaule, et les ajustements successifs manifestaient aussi bien des retards sur le tempo de l’épidémie, qu’une impréparation, voire un débordement manifeste. Les postures gouvernementales se sont montrées instables, peu assurées et surtout, peu rassurantes. 

Or, la France est un Etat « fort », c’est-à-dire qu’il exerce un contrôle important sur les individus au contraire d’un Etat « faible » comme les États libéraux (Angleterre, USA …).

Aussi, la figure de l’Etat en tant qu’autorité « suprême » est conséquente et symbolique : une erreur de la part de la figure symbolique et toute-puissante de l’autorité se remarquera davantage, et tendra à entamer son capital crédibilité plus fortement que par rapport à un Etat « faible ».

Qui plus est, les manières de réagir face à ce danger initialement mal perçu par les politiques, ont été à plusieurs reprises inappropriées. C’est ainsi par exemple qu’on a déclaré que les masques étaient inutiles pour le public. Or, il s’est passé deux choses : d’une part, cette affirmation répétée sera contredite quelques temps plus tard par les mêmes acteurs avec force et fermeté au point de pouvoir verbaliser en cas de non-port du masque, et d’autre part au moment où on disait que les masques étaient inutiles, il n’y avait pas de masques en quantité suffisante dans le pays. À  partir de là, des voix se sont élevées pour dire que les communications des acteurs politiques étaient malhonnêtes, car si on a dit que le masque étaient inutile, c’est parce qu’il n’y avait pas de masques…

4) Impacts négatifs de l’improvisation politique sur l’efficacité de l’outil « peur ».

Les études en psychologie sociale et notamment le modèle Protection Motivation Theory et The Extended Parallel Process Model, montrent que l’individu effectue de multiples opérations d’évaluation vis-à-vis du message faisant appel à la peur. Parmi ces opérations, la crédibilité de la source émettrice de l’avertissement de la menace, ainsi que celle qui propose la solution (contrôle du danger), est passée au crible. Si la crédibilité de l’émetteur (ici de l’Etat) est corrompue et est perçue comme peu fiable, il y a une plus forte probabilité de réactance face au message et aux mesures proposées (effet boomerang). En gros, l’individu s’y pliera peu, pas, ou mal.

Or, force est de constater que le gouvernement ne s’est pas montré très clair sur la question des masques et de leur utilité au début d’épidémie, et qu’il a véhiculé des infos très contradictoires. Pire, il a pu être perçu comme malhonnête. Les résultats sur les messages sont délétères. Si le confinement a pu être globalement respecté car pénalement sanctionné dans le cas contraire, d’autres mesures comme celle des vaccins pourra poser problème pour les autorités publiques en tant que solution privilégiée.

La question du vaccin est justement une illustration intéressante. Dans la logique des messages véhiculés par les autorités, le vaccin incarne une des solutions futur que propose l’émetteur des messages faisant appel à la peur. Les messages actuels sont :

  • Respectez les gestes barrières car vous pourriez être contaminé et contaminer les autres.
  • Respectez le confinement pour ne pas contaminer.

Lorsque qu’un vaccin sera disponible, on pourra penser en toute logique que le message sera « Faites vous vacciner ». Certains acteurs politiques suggèrent même une vaccination obligatoire bien que le président, lors de son allocution télé du 25 novembre 2020 ait exclu cette hypothèse.  Or, nous voyons qu’il y a déjà des réticences5Voir le sondage évoqué plus haut

On peut penser que ces réticences résultent en partie de la remise en question de la crédibilité des sources émettrices des messages. Les raisons possibles sont, d’une part les multiples ratés des positions gouvernementales concernant la crise sanitaire, et d’autre part une remise en question de l’honnêteté de la source émettrice des messages au regard de l’affaire des masques. En effet, on pourra penser que les acteurs politiques ont été incapables de gérer cette crise avec efficacité et ce, dès le début. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir, au sein des médias, la situation française comparée avec la situation allemande, ces derniers ayant connus des impacts moins importants de la crise sanitaire, tant au niveau des structures qu’au niveau du nombre de décès. Qu’elle soit légitime ou non, cette comparaison avec un modèle allemand dans sa manière de gérer la crise perçue comme positivement différent, tend à fragiliser le capital crédibilité des autorités françaises, et donc d’impacter l’adhésion des individus face aux messages de recommandation futurs, à savoir « Faites vous vacciner« .

On pourra également penser aux effets délétères des informations contradictoires véhiculées d’une part par les partisans de l’hydroxychloroquine comme traitement efficace, et démenties d’autre part par ses détracteurs dont le gouvernement, qui affirment au contraire son inefficacité voire sa dangerosité. C’est là d’ailleurs un effet pervers de l’exercice scientifique : le débat contradictoire. Bien que fondamental en science, il a généré des sources d’autorité multiples et discordantes avec concurrences en matière de « vérité« . Ces débats parfois houleux ont pu entamer, là aussi, le capital crédibilité de la source émettrice des messages et des recommandations, c’est-à-dire les messages provenant de l’Etat.

On peut ainsi et aussi, se demander si l’improvisation de l’usage de la peur comme outil de persuasion, ne s’est pas également retourné contre les autorités politiques. En effet, en actionnant le levier « peur », les acteurs politiques n’ont-ils pas contribué à : 

  • « Polluer » les processus de débats scientifiques dont le paradigme se fonde essentiellement sur la notion de réfutabilité et donc, sur la notion de critique ?
  • Discriminer les résultats qui entraient en contradictions avec les mesures gouvernementales en créant au passage des sources d’autorité alternatives ?
  • Surréagir de manière trop émotionnelle face aux résultats des contradictions des débats scientifiques (qui ont quand même eu lieu mais de manière perturbées). Les réactions des autorités politiques françaises sur l’hydroxychloroquine face à l’affaire parfois appelée du « LancetGate » peuvent constituer, à ce titre, une illustration de réactions trop précipitées et de postures trop fluctuantes qui manquent d’assise car trop soumises à la volatilité des publications scientifiques.

4.1 Complotisme et « fake news« 

4.1.1 Le complotisme ou conspirationnisme

Pour information et avant d’aller plus loin, signalons que pour nous, la notion de « théorie du complot » telle qu’elle est utilisée par les médias ainsi que par les acteurs politiques, est aussi dangereuse que pernicieuse, car elle disqualifie et « vaporise » (pour reprendre un terme de G. Orwel) toute forme de pensée critique dissidente sans examen, aussi bien les plus sérieuses que les plus farfelues. Dit d’une autre manière, elle les homogénéise sans distinction et de manière de plus en plus expéditive.

Il existe dans la littérature sociologique, des travaux sur la notion de complot qui permettent de donner une structuration minimale de ce qu’est le « complotisme » appelé aussi « conspirationnisme ». Prendre connaissance de ces travaux permet de prendre de la distance avec l’usage qui est fait, trop largement et abusivement selon nous notamment au sein des médias, de la notion de complotisme6Julien Giry, « Le consiprationnisme. Archéologie et morphologie d’un mythe politique », Diogène, n°249-250, 2015, pp.40-50. Voir également : Véronique Campion-Vincent, Jean-Bruno Renard, Diogène, n°249-250, 2015, pp 3-8. Voir la bibliographie.. Nous ne reviendrons pas sur ce qui caractérise le conspirationnisme, mais nous nous attarderons plutôt sur l’idée que des facteurs (contradiction des messages…) ont pu générer la recherche d’explications ou de causalités alternatives. 

Enfin, nous parlons d’une « structuration minimale » car le concept de « théorie du complot » demeure, y compris dans ces études, très critiquable en bien des aspects. 

Pour en revenir à notre sujet, nous avons pu remarquer deux choses : d’une part, le « complotisme » s’est avéré être une posture « explicative » d’un coté (il tente d’expliquer un phénomène), et d’autre part, il s’est avéré être une menace brandie par ses détracteurs, à savoir : l’accusation de complotisme pour discréditer.

Dit d’une autre manière, le « complotisme » est aussi bien un mode de vision du monde, qu’un mode d’accusation et de disqualification7Sur ce sujet, l’article de Michael Barkun sur la stigmatisation de la théorie du complot est interessante : Michael Barkun, « Les théories du complot comme connaissance stigmatisée », Diogène, n°249-250, 2015, pp. 168-176.

Le complotisme à souvent ét évoqué, notamment par le pôle médiatique, lorsque des individus ont tenté de mettre en évidence des interrogations ou des causalités alternatives rationnelles à la crise sanitaire (« rationnelles » ne signifie pas « légitimes » ou « véridiques » mais « qui s’inscrit dans un récit perçu par ses adeptes comme cohérent« ). Que ces causalités soient farfelues ou non, c’est là une question qui ne nous intéresse pas.

Pourtant, si des individus ont pu rechercher des explications autres que celles évoquées par les autorités (théorie du marché chinois de Wuhan…), on peut se demander dans quelles mesures, là encore, les attitudes ambiguës et contradictoires des autorités précédemment évoquées, n’ont-elles pas contribué à émergence de récits alternatifs. De la même manière, on pourra se demander dans quelle mesure elles n’ont pas contribué des postures de méfiance vis-à-vis d’un possible vaccin si l’on en reste au sondage que nous évoquions. La question de la diminution de capital crédibilité et autorité de l’Etat en tant qu’émetteur de recommandations efficaces se pose. (Sur la question vaccinale, il existe en parallèle, une tendance à « l’hésitation vaccinale8–Cf : Gwenaëlle Grall, Josette Vallée, Elisabeth Botelho-Nevers, Rodolphe Charles. « L’hesitation vaccinale : du concept à la pratique », Médecine, 2017, pp.308-311. Concernant l’ancrage d’une dynamique d’hésitation vaccinale, cf : Cf : Ward, Jeremy K, et Patrick Peretti-Watel. « Comprendre la méfiance vis-à-vis des vaccins : des biais de perception aux controverses », Revue française de sociologie, vol. vol. 61, no. 2, 2020, pp. 243-273.» depuis une vingtaine d’années en France, qui peut aussi expliquer une forme de scepticisme qui est par ailleurs bien documentée. Au passage, la littérature scientifique, là aussi, contredit les visions journalistiques trop binaires en venant tempérer l’hypothèse des « anti-vaccins » finalement peu nombreux et marginaux, et met en évidence des réticences plus ponctuelles dirigées contre certains vaccins seulement).

Il faut également souligner que la crédibilité des mesures prises, à pu être également affectée négativement, par des réflexions qui ont pu mettre en doute l’efficacité ou la cohérence des décisions liées aux mesures de confinement. Ainsi, certains ont pu s’interroger sur la rationalité, la pertinence et l’efficacité de la décision de fermer les commerces pour éviter les contaminations sans pour autant que l’on interdise de se rendre à son travail contrairement au premier confinement.

Les modèles que nous avons évoqués en début d’article montrent bien que les individus évaluent de manière subjective et active la crédibilité des mesures proposées visant à se protéger du danger. Cette évaluation nous l’avons vu, peut prendre en compte de nombreux paramètres aussi bien factuels  comme les contradictions au sein des communications politiques que nous avons rappelé, que des paramètres plus individuels ou, au contraire, culturels ou collectifs et donc sociologiques. Aussi, solliciter les notions de complotisme pour disqualifier les horizons interrogatifs et réflexifs qui découlent de ces évaluations individuelles et collectives est non seulement abusif mais aussi simpliste.

4.1.2 Les fake news

La notion de « fake news » quant à elle, qui constituerait une sorte de terreau au « complotisme », me semble peu exploitable car elle mobilise les mêmes ressorts accusatoires que ceux mis en évidence à propos du « complotisme ». Aussi, la notion de « fake news » mobilisée par les médias traditionnels se veut unilatérale ou « unipolaire » : les « fake news » ne viendraient que de l’opinion, de certains « pseudos médias  complotistes » ou de personnalités sulfureuses. 

Pourtant, les fausses informations ne sont pas l’apanage exclusif des personnalités sulfureuses ou d’une opinion décérébrée corrompue par la noirceur du net. 

Les médias de masse sont moins des « arts informatifs » (si tant est qu’informer soit un art) que des art du spectacle au même titre que le théâtre ou le cinéma. Le tournant décisif est apparu avec la multiplicité des canaux informatifs à la télévision à la fin de l’ORTF. La privatisation de TF1 a d’une certaine manière catalysée l’info spectacle du fait de la concurrence médiatique entre privé et public, et la publicité a joué un rôle énorme : passer une publicité avant ou après le journal de 20h sur une chaîne puissante n’a pas le même coût que passer son spot publicitaire à la même heure sur une chaîne locale ou marginale. En effet, plus un journal est suivi, plus le spot coûte cher et rapporte à la chaine. Cela était encore vrai jusqu’à l’apparition des chaines d’info en continu et gratuite9Cf : Thomas Deltombe, L’islam imaginaire. La construction de médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, 2005.. Pour qu’un journal soit suivi, il faut surtout qu’il se montre spectaculaire y compris lorsqu’il n’y a rien à raconter. Il faut alors être capable de donner du « signifiant à l’insignifiant10Cf : Pierre Bourdieu, Sur la télévision. ».

À travers la mise en scène journalistique, on assiste à une manipulation de l’information ne serait-ce que dans le choix de ce que l’on décide de montrer et de ne pas montrer.

La contrainte de temps qui s’impose aux différents formats d’émissions télévisuelles impose forcement d’être sélectif et cela suppose de ne montrer que ce qui conduira à produire des effets. Les « investigations » en caméra cachée, les voix modifiées, les visages floutés, les petites musiques inquiétantes en fond de reportage, les montages, les coupures, les angles de prise de vue… Tout cela est emprunté au cinema et contribue grandement à une information orientée et dénaturée et donc à une manipulation (au sens propre) du fait divers. Tout cela est catalysé par la concurrence informative. 

Si la mise en scène journalistique constitue une manipulation quotidienne d’intensité moyenne, ou encore un  moyen indirect permettant de « bricoler » l’information, le « bidonnage » ou les faux reportages, sont en revanche plus graves. Ils relèvent d’une volonté directe de tromper les récepteurs. Aussi, si les médias mainstream s’empressent (notamment depuis l’Etat d’urgence due à la crise sanitaire)  d’accuser de complotisme les perspectives qui laissent entrevoir des horizons d’investigations ou de questionnements nouveaux, ils ne focalisent jamais ou bien peu leur regard sur leur propres pratiques et sur les « libertés » qui sont parfois prises avec la réalité. L’ouvrage de Thomas Deltombe que nous avons déjà mentionné fourmille de ces arrangements, voire de reportages « bidonnés » avec des faux témoins, de faux acteurs, de fausses déclarations et ainsi de suite. D’autres travaux intéressants reviennent sur ces pratiques et son tout à fait instructifs et documentés11Chambat-Houillon, Marie-France. « Entre vérité des faits et véracité des discours : les bidonnages journalistiques à la télévision », Le Temps des médias, vol. 30, no. 1, 2018, pp. 77-90.. Autrement dit, le concept de « fake news » n’est ni nouveau, ni unilatéral et n’est pas réservé aux farfelus et marginaux. Il concerne tout autant les médias traditionnels qui pourtant se servent de ce qualificatif pour disqualifier. 

Enfin, quand bien même on pourrait se retrouver face à ce que la sociologie comprend à minima par conspirationnisme, il vaut mieux aiguiser l’esprit critique que le couperet du jugement moral qui, en définitive, demeure improductif et peu informatif. Dénoncer le documentaire Hold-Up sur le COVID ne sert à rien et ne produit aucune valeur ajoutée. Il faut produire de la critique qui soit aussi indépendante que construite et rigoureuse.

Conclusion

Nous n’avons pas cherché à savoir qui a tort ou raison concernant la gestion de la crise sanitaire due au COVID. Pas plus que nous avons cherché à prendre position pour les uns ou les autres.

De la même façon, nous n’avons pas tenté d’expliquer ou de décrire en quoi pourrait consister une pensée « complotiste » ou conspirationniste. Nous avons préféré orienter le lecteur vers quelques pistes pour cela à travers les références bibliographiques que nous avons sélectionnées et qui sont d’ailleurs très très loin d’être suffisantes.

Au contraire, nous avons souhaité mettre en évidence les rôles des uns et des autres, en nous concentrant sur les acteurs décisionnaires. Nous avons souhaité mettre en évidence la logique qui sous-tend une tentative de communication persuasive par la peur par les acteurs politiques, ainsi que les effets pervers qui en découlent.

Nous avons également souhaité expliquer le fait que la recherche d’explications et de causalités alternatives ne découlaient pas forcement d’une appétence naturelle « des masses » pour les pensées simplistes et « complotistes« . Au contraire, il nous a semblé fondamental de démontrer qu’elles pouvaient s’expliquer par la remise en question de l’Etat et des acteurs associés, en tant qu’acteurs crédibles et efficaces dans le cadre de la lutte contre le COVID, par les individus. Pour cela, nous avons souhaité appuyer nos hypothèses sur des bases morales ou subjectives, mais sur des modèles existant en psychologie sociale à travers les travaux de l’Ecole de Yale.

Enfin, il nous a semblé fondamental de démontrer l’aspect inopérant et ambigu de la notion de « fake new » et de « théorie du complot » dans le cadre d’un usage politique ou médiatique. Usage qui s’avère n’être qu’un moyen de « normativisation » de la pensée et des individus par les acteurs politiques et médiatiques en étiquetant les pensées justes et « normales » (celles qu’il faut avoir), de celles qui ne le sont pas, avec les dérives que cela implique. En outre, il nous a semblé capital de démontrer que la notion de « fake news » se résume pas à donner de fausses informations ou à les véhiculer, mais aussi à « travailler » les faits pour catalyser et amplifier les émotions ou les impressions comme le font quotidiennement les médias.

EL BAHAR Redwane

Redwane El Bahar

Doctorant en sociologie, je mène une thèse intitulée : "radicalité, radicalisme et radicalisation en lien avec un contexte islamique en France.

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