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La laïcité : les coulisses d’une exclusion dévoilée.

Comme depuis 30 ans, les agitations médiatico-politiques sur la laïcité – avec en arrière-plan « le problème » de l’islam – se succèdent avec la même fièvre, les mêmes convulsions, les mêmes tétanies, les mêmes suintements.

École, entreprise, espace public, université, tout y passe.

L’important n’est pas de revenir sur ces différentes polémiques car elles ne sont pas symptomatiques mais systémiques. Pour le dire autrement, elles résultent et font partie du système médiatique et politique qui en a besoin pour fonctionner et même définir son identité journalistique.

Ce sont sur les éléments qui sont tus par les acteurs médiatiques qu’il faut se concentrer. À commencer par le processus accru et pernicieux d’exclusion des acteurs musulmans de la vie sociale, économique et culturelle, et surtout des musulmanes en France.

En effet, alors que nos sociétés modernes sont fondées autour du travail, et que ce travail se trouve être érigé en tant que valeur (malheur à celui qui n’a pas d’emploi !), il est remarquable de constater que les pouvoirs publics font des efforts constants pour exclure les acteurs musulmans de cette sphère.

Cela contribue à alimenter et creuser tant la marginalité « réelle » (chômage, pauvreté, précarité…) que symbolique (accusation de défaut « d’intégration », de « séparatisme, d’atteinte à l’identité de la France…), de ces acteurs, et notamment des femmes désireuses de porter un voile. Un tel schéma particulièrement paradoxal et pathologique attire nécessairement l’attention.

Aussi, il est un autre phénomène particulièrement marquant : la convocation de stéréotypes racistes (pourtant grossiers) et immémoriaux, pour justifier une laïcité excluante.

En effet, il n’est pas rare d’entendre que cette nécessité d’interdiction du voile dans tous les espaces de la société se justifie par l’idée que des femmes seraient « forcées » de porter le voile. Forcées par les hommes bien évidemment : pères, frères, cousins, voisins, tous violents, dominateurs, misogynes, obscurantistes et sauvages. Tout cela serait naturellement contenu dans une arabité masculine envahissante, dans une culture si écrasante qu’elle en devient génétique, dans leur islamité héritée du fond des âges les plus primitifs…

Pourtant, ce qui est surtout vrai, majoritaire et évident, c’est principalement le nombre de femmes qui sont forcées de se dévoiler. Le port du voile forcé est, lui, minoritaire, et c’est pour ça qu’il intéresse les médias. La violence de l’altérité à l’exotisme hideux est toujours plus honteusement délicieuse que notre propre perversité noire, inquiétante et repoussante.

El Bahar Redwane

Redwane El Bahar

Doctorant en sociologie, je mène une thèse intitulée : "radicalité, radicalisme et radicalisation en lien avec un contexte islamique en France.

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