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Extrait de ma thèse : la notion de radicalité.

Alors que j’entame la rédaction de ma thèse, je vais, au cours de ces prochains temps, publier régulièrement des extraits de mon mémoire de master 2 de sociologie.

Ce mémoire abordait, tout comme ma thèse qui en est le prolongement, la question de la radicalité, du radicalisme et de la radicalisation en lien avec un contexte islamique en France. Le mémoire en question a été rédigé en 2017.

Dans cette partie, je souligne la nécessité de se questionner sur un concept totalement occulté : la notion de radicalité. Bien qu’elle se trouve en amont de ce que l’on nomme le « radicalisme » et la « radicalisation » elle reste la grande absente des discours et révèle bien pistes analytiques. Elle montre notamment qu’au sein des discours sur le radicalisme, c’est d’abord la perception que nous avons de l’islam qui est la trame de fond.

Extrait

Analyse primaire de la notion de radicalité.

Les notions de radicalisme et de radicalisation sont tellement présentes de nos jours qu’on ne s’interroge même plus sur leur sens et ce à quoi elles peuvent renvoyer, que ce soit au sein productions verbales ou écrites, qu’elles soient ou non scientifiques. Les débats se sont peu à peu enfermés dans une forme de bipolarisation conceptuelle réduisant très sévèrement les perspectives et les horizons tout en leur donnant une tournure essentialisante qui laisse penser que le radicalisme est un mal d’apparition soudaine et que la radicalisation en est la traduction et, que sur ce constat, il n’y a qu’à construire les réflexions. En effet, nombre de travaux et de discours sont partis inconsciemment de ces 2 thèmes sans qu’aucun travail de déconstruction ou de remise en question soient effectués. Le radicalisme est une perception et toute perception se fonde sur un référentiel, ce qui signifie que le radicalisme d’une part n’est pas naturel, ensuite qu’il est variable selon les subjectivités et qu’enfin, il est le fruit d’un construit qui se fonde au regard de la notion fondamentale et sous-jacente de radicalité. Pas de radicalisme sans radicalité !

En l’état actuel des choses, un travail de déconstruction se justifie face au flou définitionnel de la notion de radicalisme. En effet, certains évoquent le radicalisme comme un « retour à la racine » (ici entendons de l’islam) selon une perspective marxienne. D’autres le pensent comme un mouvement prônant des actes extrêmes ou extrémistes. On note donc des définitions différentes mais qui pourtant ne sont jamais interrogées. Lorsqu’est évoquée la notion de « radicalisme » dans les discours, jamais la question de savoir si l’on entend un radicalisme comme retour à la racine ou comme une adhésion à des idées « extrêmes » ne se pose et n’est précisée par l’émetteur. Reste à savoir si lui-même est conscient de cette dichotomie définitionnelle… Enfin, dans le cas ou le radicalisme ferait référence à une doctrine de l’extrême, on aura envie de répondre immédiatement : « Extrême par rapport à quoi ? »

En outre, ainsi que nous le montrerons plus loin, il y existe une forme de hiérarchisation, consciente ou non, des formes de radicalisme. Ainsi le « radicalisme islamiste » ou « islamique » (la différence entre les deux expressions n’est pas anodine car elle traduit l’idée d’un radicalisme fondamentalement musulman pour la dernière expression) semble plus grave que le radicalisme régionaliste ou séparatiste, qu’il soit basque, corse ou irlandais, lesquels sont par ailleurs particulièrement occultés au sein des perceptions et particulièrement au sein de l’opinion, alors que d’un point de vue statistique, si l’on se focalise sur la cas Corse, les actes terroristes sont plus nombreux et ont un ancrage historique plus ancien. On notera donc une variabilité importante des représentations quant à la thématique du radicalisme. Nous comprenons donc que l’objet auquel se rattache la radicalisation est également à prendre en compte étant donné que les perceptions varient selon lui. L’islam en tant qu’objet doit donc être préalablement au centre d’un travail important de déconstruction…

Redwane El Bahar

Doctorant en sociologie, je mène une thèse intitulée : "radicalité, radicalisme et radicalisation en lien avec un contexte islamique en France.

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